Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/371

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tions d’impassibilité procédant de Leconte de Lisle :


La grande Muse porte un péplos bien sculpté
Et le trouble est banni des âmes qu’elle hante


ou le


Nous qui faisons des vers émus très froidement.


Notons-le en passant, cet émotif de Verlaine est, à cette date, bien le plus résolu à mater énergiquement l’inspiration et l’émotion, et son impassibilité du moment prête au sourire. Mais ces vers, ces aphorismes, ces programmes sont de contenance. Les Parnassiens travaillèrent sous les influences précitées qui firent les uns sataniques, les autres épiques, les autres funambulesques, ou plutôt les décidèrent presque tous à toucher à ces cordes diverses, et à alterner l’épopée et le triolet. Souplesse profonde, oui, mais non point don lyrique.

Les vers des Parnassiens ont entre eux des points communs, grâce à leur fidélité aux mêmes principes ; les individualités y font pourtant des différences.

Le vers de M. Mendès, — souple, éclatant, oratoire, théâtral, parfois cursif (eu égard à sa règle), offrant souvent, dans les pièces légères, grâce à un métier bien tenu et quelque nonchalance touchant la rareté des rimes, un aspect d’improvisation heureuse, solide et fort dans les contes épiques, dominé par la rime quand le poète s’esclaffe, — diffère beaucoup du vers serré, avec des résonnances d’intimité et des trames de musique que fait M. Dierx. Ces deux formules doivent être très différenciées du système de lignes de prose