Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/375

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passant, et je trouve cette haine, non point comique, mais touchante ; et cette valeur d’émotion, elle l’emprunte à la très réelle infériorité de M. Sully Prudhomme, en tant qu’artiste verbal et qu’ouvrier du vers, à côté des autres Parnassiens : il y a du martyre dans le cas de cet homme distingué.

En dehors de ce désir de nuire aux vers-libristes dans l’esprit des personnes auxquelles il s’adresse, M. Sully Prudhomme a encore quelque chose à expliquer avec insistance : c’est que la poésie personnelle peut avoir quelque importance, mais qu’il ne faut point oublier que le summum de l’art, c’est la poésie didactique et philosophique, dont il faut sous-entendre que Justice est un des ornements parfaits. D’autres avertissements sont adressés aux confrères parnassiens. M. Sully Prudhomme, après avoir regretté que le chemin du rire ait été déserté par les Romantiques, fait observer que, seul, Banville a ragaillardi la veine française, et demande : « Où sont ses élèves ? » ce qui n’est pas aimable pour l’auteur de la Grive des Vignes. Un autre coin de mandement pourrait concerner M. de Heredia ; je me reprocherais d’interpréter ce morceau d’éloquence académique, au lieu de le citer.

« Une forme a persisté, qui ne pouvait pas périr, car elle est admirablement assortie à la secrète horreur des compositions étendues, c’est le sonnet.

Le sonnet présente le rare avantage de s’adapter à toute espèce de sujet simple. Il n’est donné qu’aux maîtres d’en sentir les intimes conditions, qui sont les plus laborieuses à remplir, mais il demeure difficile pour tous, ne fût-ce que par le choix des rimes redoublées. Il n’effraie pourtant pas les indolents, au contraire. À cet égard, la psychologie de