Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/382

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lira longtemps la Normande, Maritorne, la Lettre à Mallarmé, poèmes rimes d’une certaine habileté. Il a servi de type à cette leçon du Parnasse sur l’agilité du versificateur et sur le don spécial du poète, qui consiste à attribuer à Glatigny, artiste médiocre, un don réel, considérable, constituant le poète et que n’aurait point eu un Flaubert, écarté des vers par les chinoiseries du métier poétique. Il est juste de citer M. Albert Mérat, paysagiste de ville, que les jardinets des fenêtres de Paris, les Asnières, les Meudon, les passages de canotiers sur une Seine ensoleillée ont intéressé et qui en a tiré d’agréables poèmes.

Près de M. Mérat il faut citer, par similitude de genre, M. Antony Valabrègue, qui fut un critique d’art instruit (les petits Parnassiens furent parfois de bons critiques d’art, comme M. Lefébure qui donna un judicieux volume sur la Dentelle ; on peut aussi parler de M. Georges Lafenestre, auteur de vers légers et faciles). M. Valabrègue nota non sans finesse bien des décors de berge, de fêtes, de soirs de banlieue.

Léon Valade, qui collabora avec M. Mérat pour une traduction de l’Intermezzo de Heine, est mort jeune ; il laisse une œuvre trop brève, où des pièces tendres sont tout à fait jolies, et, dans une gamme restreinte, il donne une sincérité d’émotion rare dans son groupe et que ne dépare point la rhétorique. M. Ernest d’Hervilly a brillé dans la gamme funambulesque. Il amusa beaucoup, aux débuts du Parnasse, par son Harem, où les diverses beautés du monde, de l’anglaise à la négresse, sont caractérisées avec quelque ironie. Rien ne vieillit si vite qu’une pièce gaie, mais des poèmes descriptifs de