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études

qui apparaisse ainsi à la docte assemblée. Cela n’a d’ailleurs pas d’importance. La conscience d’avoir créé quelque chose en poésie française nous suffit, et nous n’avons pas besoin de lauriers officiels et conventionnels.

Nous avions eu déjà cette année quelques notions de l’opinion académique, d’abord à la Revue des Deux-Mondes où il serait parfois curieux, à titre de document, d’avoir l’opinion de M. Brunetière. Malheureusement, depuis qu’il s’exporte, on n’a que celle de M. Doumic, inutile à garder. M. Doumic a écrit sur la poésie nouvelle, cette année, une petite drôlerie trop sotte pour nous occuper. M. Deschamps, du Temps, a vagué autour de ce terrain, et c’est à lui que j’ai une observation à présenter.

M. Deschamps cite des vers de M. de Souza ; c’est son droit ; il peut à sa guise les citer et même les aimer par-dessus tout ; ce qu’il ne peut, sans être taxé d’ignorance ou de mauvaise foi, c’est décerner à M. de Souza le titre peu enviable de Boileau de la nouvelle école poétique, et le constituer de son plein droit un exemple théorique et pratique (pour ses lecteurs) de ce que je fais, de ce que font d’autres poètes, Verhaeren, par exemple. Il y a là une nuance. M. de Souza s’est rangé dans les rangs de la nouvelle école, quelques années après son éclosion. Il émet à côté des vers-libristes plus anciens ses opinions et publie ses poèmes. Je ne discute nullement ici son talent, j’infirme seulement, mais absolument, le rôle extensif que M. Deschamps, par simplisme ou par non-simplisme, veut lui attribuer aux yeux des lecteurs du Temps, dans le mouvement du vers libre.