Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/46

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gauche, et pour cela fort incomplètes comme document à consulter. Car enfin, il y a deux rives. Ces jeunes gens ne s’en doutaient pas trop, et l’un d’eux, Stanislas de Guaïta, a donné la note exacte d’un certain état d’esprit, quand, après avoir énuméré dans une préface à un volume de yers, tous les nouveaux poètes existant à sa connaissance, doutant de son universalité il termina en disant : il y en a peut-être d’autres, mais je ne les connais pas ; en tout cas, ils ne viennent pas à mon café. Vicaire et Bauclair ne tinrent point ce langage, n’étant ni naïfs ni occultistes et mages, mais ils agirent ainsi ; et le gai déjeuner de soleil qu’ils servirent à leurs contemporains aux dépens de quelques poètes, outre qu’il est fané, paraît incompréhensible, à force de peu parodier les vers connus et classés du symbolisme. On trouvera dans ce volume une étude sur Vicaire où j’explique, plus longuement que je ne puis le faire en cette préface, les pourquois de sa parodie. Les Déliquescences ont eu la même importance que le Parnassiculet ; elles n’ont su ni caractériser, ni prévoir, et le fait de railler quelques snobs épris, à l’excès, de nouveauté n’a point d’importance. Ces snobs devenus plus nombreux, cela forme le public. Tout récemment, M. André Rivoire, un charmant poète intimiste mais trop académique, dans une étude sur Albert Samain, un parnassien éclectique qui fit du symbolisme, disait que notre public avait paru être très nombreux, beaucoup plus qu’en réalité, qu’en somme il avait été mince. C’est une erreur profonde. Nous avons eu avec nous, à un certain moment, tous les curieux du vers, et de plus, nous avons eu tous les curieux de la littérature qui s’étaient