Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/67

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de ce livre à mes camarades, et par conséquent à Paul Adam.

Le lendemain, Adam vint nous trouver, quelques-uns, dans un café du boulevard d’où nous aimions voir s’écouler les passants de l’heure ; on vit bien à son approche qu’il s’était passé quelque chose ; le paletot mastic de notre ami, paletot alors célèbre, flottait avec des plis d’étendard. Sur la hampe de cet étendard son chapeau avait une inclinaison martiale comme s’il se fût douté de la victoire d’Uhde.

Notre ami abordait avec des performances de galion. Il s’assit et tous ses gestes éclatèrent en munificence. Il nous confia alors que Vanier, consulté par lui sur l’opportunité d’un petit dictionnaire de nos néologismes, complément plus qu’indispensable de mon futur travail, avait adhéré avec empressement à ses projets, et qu’un fort lexique allait naître. Il demandait notre concours avec une face rayonnante, et il eût été criminel d’adresser des objections à un ami aussi heureux. Plowert naquit et besogna dare-dare.

Nous n’attachâmes pas à son œuvre assez d’importance. À le faire, il eût fallu fondre nos projets et donner, d’un coup, importants, cette grammaire et ce dictionnaire des symbolistes qui eussent été des documents curieux, et qui auraient été fort utiles. Nous érigions ainsi notre monument en face celui qu’élaborent sans cesse les doctes ralentisseurs du Verbe qui s’évertuent à l’Académie. Tel qu’il est et malgré l’abondance de ses fautes d’impression le petit volume, qui ne contient que nos néologismes alors parus, qui n’est qu’un petit répertoire, offre cet intérêt, qu’en le