Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/83

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phare du Cap, vers Bordighère, dans le ciel une nappe ci tri ne laissant transparaître à son milieu un vert d’iris. Au-dessus de la mer se développait une bande gris lilas à déchiquetures. Peu à peu des nues à gauche se trempant fanées, elle s’étendit devant le ciel même, plus doucement que lividement violâtre. Et la mer se mouvait en une somptuosité vieux-vert teintée d’améthystes. »

Et s’animent ainsi des coins de Paris, de Menton, de Toulouse, des salles d’attente où l’attention se fixe sur tel ou tel être caractéristique autour duquel s’ébrouent des formes vagues, des sites de Luchon, des Pyrénées, de Fontarabie, du pays basque, de la Bretagne, de la Suisse, du Rhin, de la Hollande, des notations au Bois de Boulogne, sur les cygnes du parc Monceau, et, brusques, des théories sur le choix des fleurs, puis un été en Normandie détaillant de longues courses, des haltes pour pénétrer l’accord de l’autochthone et du paysage, etc…

À cette forme, à ce rendu strict de la nature cherchée par l’artiste, l’écueil se présente que devant les variations infinies et menues du décor le mot très précis et juste ne se trouve pas, ou que le mot trouvé, quelque peu technique et lourd, ne rende qu’^suffisammen* les légères différences qu’il note ; encore, ce danger, qu’à étudier aussi consciencieusement qu’un peintre impressionniste les intimités des choses et les variations de leur couleur, l’œil ne s’hypnotise et ne traduise plus que de pures impressions mentales et un peu déviées. Mais M. Poictevin se tire presque toujours de ces complexes difficultés.