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fouillis uniforme. Je ne me souviens pas d’avoir vu ailleurs un spectacle aussi monotone, sauf peut-être en passant dans le train de Douvres au-dessus des cités ouvrières de Clapham et de Brixton, à l’entrée de Londres.

Le sifflet de la chaloupe à vapeur nous convie au débarquement ; dix minutes plus tard, elle accoste au quai de la concession étrangère. La topographie de la ville est beaucoup moins compliquée que ne le fait prévoir son apparition lointaine. Une grande artère traverse d’abord Kobé, la cité commerçante, puis Hiogo, le faubourg industriel. Chaque maison est une boutique ; derrière la table qui sert de devanture et les sépare du public, les marchands se tiennent accroupis à côté d’un petit brasero d’étain, seul système de chauffage employé dans ces structures de bois et de papier. Partout on est accueilli par le même sourire, imprimé sur les traits du visage par une habitude éternelle, et qui paraît faire partie du costume comme le kimono ou les chaussettes fourchues.

Peu d’animation dans cette rue de la Paix japonaise : quelques Européens passent au trot de leur pousse-pousse (on dit ici kourouma), de rares Japonais marchent sur les côtés de la voie en rasant les maisons. Leurs vêtements semblent presque un uniforme, tant ils diffèrent peu d’un individu à