Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/171

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verse une longue plaine qui va se resserrant. Puis une ascension pénible commence ; les chariots cahotent lamentablement sur le sol rocailleux, les attelages s’épuisent à grimper la côte sous le soleil brûlant ; enfin nous voici au faîte. Mais la descente du versant opposé est plus difficile encore ; les voitures sautent littéralement de pierre en pierre au risque de blesser le cheval placé entre les brancards qui supporte stoïquement les chocs les plus inattendus. Sans trop d’avaries, le convoi atteint une seconde plaine et passe à gué un cours d’eau large mais peu profond. L’énorme viaduc du transmandchourien qui franchit la rivière au même endroit témoigne des crues considérables qu’elle roule après les pluies. Vers midi nous arrivons au gros bourg de Godjoriko, autour duquel un combat assez important s’est livré entre Chinois et Japonais pendant la dernière guerre. Un peu plus loin nous nous arrêtons à l’entrée d’un village où l’on fait halte pour changer de chariots. Une station du service des étapes est établie ici, elle est identique à celles de Kintchéou et de Louchoutoung, mais installée plus modestement. Un capitaine du train commande le poste, il se tient avec un sous-officier et quelques commis dans une maison surmontée du drapeau commercial japonais ; une seconde habitation sert d’ambulance sous le couvert de la croix de Genève.