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PRÉFACE.


J’ai eu égard aussi à plusieurs autres objections, que m’ont adressées des hommes prouvant qu’ils ont à cœur de découvrir la vérité (car ceux qui n’ont devant les yeux que leur ancien système, et qui ont arrêté d’avance ce qu’ils doivent approuver ou désapprouver, ne désirent pas une explication qui pourrait être contraire à leur opinion personnelle) ; et c’est ainsi que je continuerai d’agir.

Quand il s’agit d’étudier une faculté particulière de l’âme humaine pour en déterminer les sources, le Contenu et les limites, il est sans doute impossible, à

    indécis le point en litige, comme il est juste de le faire en commençant. — La vie est la propriété qu’a un être d’agir d’après les lois de la faculté de désirer. La faculté de désirer est la propriété qu’il a d’être, par ses représentations, cause de la réalité des objets de ces représentations mêmes. Le plaisir est la représentation de l’accord de l’objet ou de l’action avec les conditions subjectives de la vie, c’est-à-dire avec la causalité que possède une représentation relativement à la réalité de son objet (ou avec la détermination par laquelle les facultés du sujet se portent à l’acte qui a pour but de le produire). Je n’ai pas besoin d’emprunter pour la critique d’autres concepts à la psychologie : la critique elle-même fournit le reste. Il est aisé de comprendre que cette définition laisse indécise la question de savoir si le plaisir doit toujours servir de principe à la faculté de désirer, ou si, dans certains cas, il ne fait que suivre sa détermination ; car elle ne se compose que de signes * (* Aus lauter Merkmalen.) de l’entendement pur, c’est-à-dire de catégories, qui ne contiennent rien d’empirique. C’est une précaution fort importante dans toute la philosophie, mais trop souvent négligée, que celle de ne pas préjuger les questions par des définitions hasardées, avant d’avoir analysé complètement le concept qu’il s’agit de définir, ce qui souvent demande beaucoup de temps. On remarquera aussi, dans tout le cours de la critique (de la raison théorique et pratique), que l’occasion s’y présente souvent de réparer bien des défauts qu’imposait à la philosophie l’ancienne méthode dogmatique, et de corriger des erreurs qu’on ne remarque qu’en faisant des concepts un usage rationnel qui s’étend à l’ensemble de la raison.