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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.


cause de la nature même de la connaissance humaine, de ne pas commencer par les parties de cette faculté, et par une exposition de ces parties, exacte et (autant que cela est possible dans l’état actuel des éléments que l’on possède déjà) complète. Mais il y a encore une autre chose à faire, qui est plus philosophique et architectonique, c’est d’embrasser exactement l’idée du tout, et par là de considérer toutes ces parties dans les rapports qu’elles ont entre elles et avec la faculté rationnelle qui les comprend, en les dérivant de cette idée du tout. Or cette épreuve et cette garantie ne sont possibles que pour ceux qui possèdent la connaissance la plus intime du système ; ceux qui ont négligé la première recherche, et qui n’ont pas cru devoir se donner la peine d’acquérir cette connaissance, ne s’élèvent pas jusqu’à ce second degré, c’est-à-dire jusqu’à cette vue d’ensemble, qui est un retour synthétique sur ce qui a été donné d’abord analytiquement. Il n’est donc pas étonnant qu’ils trouvent partout des inconséquences, et les lacunes qu’ils signalent n’existent pas dans le système même, mais seulement dans leur méthode incohérente.

Je ne crains pas pour ce traité le reproche qu’on m’a fait de vouloir introduire une langue nouvelle, car la connaissance dont il s’agit ici a par elle-même un caractère plus populaire. Ce reproche ne pouvait même être adressé à la première critique par aucune personne, ayant approfondi cet ouvrage et ne s’étant pas borné à le feuilleter. Forger de nouveaux mots, là où la langue ne manque pas d’expressions pour rendre