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DES PRINCIPES DE LA RAISON PURE PRATIQUE.


tant qu’elle appartient au monde sensible), pour les considérer dans toute leur pureté.


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Théorème I.


Tous les principes pratiques qui supposent un objet (une matière) de la faculté de désirer, comme cause déterminante de la volonté, sont empiriques et ne peuvent fournir aucune loi pratique.

J’entends par matière de la faculté de désirer un objet dont la réalité est désirée. Si le désir de l’objet est antérieur à la règle pratique, et qu’il soit la condition qui nous détermine à nous en faire un principe, je dis (en premier lieu) que dans ce cas ce principe est toujours empirique. En effet la cause déterminante de la volonté *[1] est alors la représentation d’un objet, et un rapport de cette représentation au sujet, qui détermine la faculté de désirer à la réalisation de cet objet même. Ce rapport est ce qu’on appelle le plaisir attaché à la réalité d’un objet. Le plaisir doit donc être supposé ici comme la condition qui rend possible la détermination de la volonté. Or il n’y a pas de représentation d’un objet, quelle qu’elle soit, dont on puisse savoir a priori, si elle sera liée au plaisir ou à la peine, ou si elle sera indifférente. Donc, en pareil cas, la cause déterminante de la volonté doit toujours être empirique, et, par conséquent, aussi le principe pratique matériel, qui la suppose comme condition.

  1. * der Willkühr.