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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.

Comme (en second lieu) un principe, qui ne se fonde que sur la condition subjective de la capacité de sentir du plaisir ou de la peine *[1] (capacité qu’on ne peut jamais connaître que par l’expérience, et qu’on ne peut considérer comme existant au même degré chez tous les êtres raisonnables), peut bien servir de maxime particulière au sujet qui possède cette capacité, mais ne peut lui servir de loi, (puisqu’il n’a pas cette nécessité objective qui doit être reconnue a priori), un principe ne peut fournir une loi pratique.


$ 3.


Théorème II.


Tous les principes pratiques matériels appartiennent, comme tels, à une seule et même espèce et se rattachent au principe général de l’amour de soi ou du bonheur personnel.

Le plaisir qui vient de la représentation de l’existence d’une chose, en tant qu’il doit être une raison qui détermine à désirer cette chose, se fonde sur la réceptivité **[2] du sujet, puisqu’il dépend de l’existence d’un objet ; par conséquent, il appartient au sens (au sentiment ***[3]), et non à l’entendement, lequel exprime un rapport de la représentation à un objet, fondé sur des concepts, et non pas un rapport de la représentation au sujet, fondé sur des sentiments. Il n’est donc pratique qu’autant que la sensation de ce que le sujet

  1. * Empfänglichkeit einer Lust oder Unlust.
  2. ** Empfänglichkeit. Je traduis ici littéralement le mot que j’ai traduit tout à l’heure par capacité de sentir J. B.
  3. *** Dem Sinn (Gefuhl)