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DU CONCEPT DU SOUVERAIN BIEN.


faite du règne de la nature et du règne des mœurs, comme condition de la possibilité du souverain bien. Puisque la réalisation du souverain bien, et, par conséquent, la supposition de sa possibilité est objectivement nécessaire (mais seulement suivant la raison pratique), et puisqu’en même temps la manière de concevoir cette possibilité est à notre choix, et qu’un libre intérêt de la raison pure pratique décide en faveur d’un sage auteur du monde, le principe qui détermine ici notre jugement est à la vérité subjectif comme besoin, mais aussi, comme moyen relativement à la réalisation de ce qui est objectivement (pratiquement) nécessaire, il fonde une maxime de croyance au point de vue moral, c’est-à-dire une foi rationnelle pure pratique. Cette foi n’est donc pas ordonnée, mais elle dérive de l’intention morale même, comme une libre détermination de notre jugement, qui est utile sous le rapport de la moralité (laquelle nous est ordonnée), et de plus conforme au besoin théorique de la raison, et qui consiste à admettre l’existence d’un sage auteur du monde, et à la prendre pour fondement de l’emploi de la raison ; par conséquent, si elle peut parfois chanceler même dans les âmes bien intentionnées, elle ne saurait jamais dégénérer en incrédulité.



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