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Page:Kant-Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Lachelier, 1904.djvu/105

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DEUXIÈME SECTION


d’un impératif catégorique, c’est-à-dire d’une loi pratique 1 [1].

Or je dis : L’homme, el, d’une manière générale, lotit être raisonnable, existe comme fin en soi cl non pas — seulement— comme moyen pour servir à l’usage arbitraire de telle ou telle volonté. Dans toutes ses actions, qu’elles se rapportent à lui-même ou à d’autres êtres raisonnables, il doit toujours être en même temps considéré comme fin. Tous les objets de l’inclination ont seulement une valeur conditionnelle, car, si nos inclinations et les besoins qui en dépendent n’existaient pas, leurs objets seraient sans valeur. Mais les tendances, sources du besoin, sont si loin d’avoir la valeur absolue qui les rendrait désirables en elles-mêmes, que, bien au contraire,’le souhait général de tous les èlres raisonnables doit être de s’en trouver entièrement délivrés. Ainsi-la valeur de tous les objets que nous pouvons nous procurer pat ; olre activité est toujours conditionnelle. Les êtres dont l’existence dépend, non pas il est vrai de notre volonté, mais de la nature n’ont également, s’ils sont privés, de raison, qu’une valeur relative comme moyens. Qes êtres s’appellent à cause de cela des choses, tandis « pie les êtres raisonnables s’appellent des personnes, parce que leur nature même les dislingue et en fait des fins en soi, c’est-àdire quelque chose qui ne doit pas être employé comme un simple moyen, et qui, par conséquent, impose une limite au bon plaisir de chacun (et est un objet de respect). Ces êtres raisonnables ne sont donc pas simplement des fins subjectives dont l’existence, résultat

  1. 1. La troisième section établira que le principe sur lequel repose la irnssibilité de l’impératif catégorique, c’est notre nature d’être intelligible, c’est-à-dire absolument affranchi des lois de la nature, sensible dons absolument libre. Kant va montrer îpje c’est en somme celte nature intelligible, notiniénale, conçue par la raison comme ayant une’valeur absolue, qui est la" lin de la volonté raisonnable. Que fautil que veuille une volonté raisonnable ? Réponse : elle-même.

kant. 5