Aller au contenu

Page:Kant-Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Lachelier, 1904.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
DEUXIÈME SECTION


dois faire une chose parce que j’en veux quelque autre. Au contraire l’impératif moral, c’est-à-dire catégorique, dit : je dois agir de telle ou telle façon, même si je ne veux rien d’autre. Par exemple, le premier dit : je ne dois pas mentir, si je tiens à ma considération ; le second : je ne dois pas mentir, quand même il n’en résulterait pas la moindre honte pour moi. L’impératif catégorique doit faire abstraction de tout objet, de manière que l’objet n’ait aucune influence sur la volonté ; il ne faut pas en effet que la raison pratique (la volonté) se borne à administrer un intérêt étranger, mais qu’elle prouve son droit à être considérée comme législatrice suprême. Par exemple je dois m’efforcer de contribuer au bonheur d’autrui, non pas comme si j’avais quelque intérêt à ce bonheur (soit en vertu d’une inclination immédiate, soit, indirectement, en vue de quelque satisfaction conçue par la raison), mais uniquement parce que la maxime qui exclut ce bonheur ne peut pas subsister dans un seul et même vouloir comme loi universelle[1].


CLASSIFICATION
de tous les principes possibles de la moralité
d’après le concept fondamental que nous avons adopté
de l’hétêronomie.


Ici, comme partout ailleurs, la raison humaine, dans son usage pur, tant que la critique lui a fait défaut, a essayé toutes les fausses routes possibles avant de réussir à trouver la seule qui soit bonne.

Tous les principes que l’on peut admettre de ce point de vue sont empiriques ou rationnels. Les premiers, tirés

  1. 1. Voir ci-dessus les notes p. 57 (I) et p. 67 (I).