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TROISIÈME SECTION


fins en soi (des êtres raisonnables), auquel nous pouvons appartenir à la condition do diriger soigneuse-, ment notre conduite d’après les maximes de la liberté, commo si elles étaient dos lois do la nature, elle éveille en nous un vif intérêt pour la morale.

Remarque finale.

L’usage spéculatif do la raison, en ce qui concerne la nature, nous conduit à l’idée do la nécessité absoluo do quelque cause suprême du monde ; l’usage pratique do la raison, par rapport à la liberté, nous conduit aussi à une nécessité absolue, mais seulement à celle des lois des actions d’un être raisonnable, considéré comme tel. Or c’est un principe essentiel de tout usage do notre raison de pousser, dans la connaissance qu’elle nous donne, jusqu’à la conscience de la nécessité do cette (connaissance car autrement ce no serait pas une connaissance de la raison). Mais celte mémo raison se trouve limitée d’une manière qui n’est pas moins essentielle en ceci qu’elle ne peut saisir la nécessité ni de ce qui est oit arrive, ni’dc ce qui doit arriver, à moins de poser comme principo une condition sous laquelle celte chose arrive ou doit arriver 1. Mais de cette manière, cherchant toujours des conditions, la

1. Voir, dans la Critique de la Raison pure, la discussion des Antinomies, et en particulier de la quatrième. La raison, pour unifier les choses, cherche sans cesse l’inconditionnel, par exemple, un premier phénomène de monde qui’n’aurait pas de condition ; un atome indivisible qui serait la’dernière condition de l’existence des corps composés, une cause libre qui djj » terminerait une série de phéifçK mènes, sans être elle-même dcl<[r-"

minée, enfin un Etre nécessaire, condition de tout ce qui existe, et dont l’existence ne serait soumise à aucune condition. Mais la raison, au moins tant qu’elle reste enfermée dans le monde des phénomènes, na. peut, ni découvrir, ni comprendre l’inconditionnel. L’impératif est, dans l’ordre moral, cet inconditionnel incompréhensible, qu’il faut ■po, Brta t admettre, si nous voulons jihtl(e<( Ique unité dans notre via morale.