Page:Kant-Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Lachelier, 1904.djvu/22

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INTRODUCTION


ainsi dire sus|>endus. Mais d’abord nous n’ayons aucune intuition de ces réalités, puisque l’intuition, soumise aux formes d’Espace et de Temps, ne |>eul nous donner que des phénomènes. l)"aulre|iail la Dialectique prouve qu’il nous est impossible d’atteindre ces choses |wr le raisonnement. Si nous voulons, par le ruisonneiiienl, nous élever do l’unité, loi de la pensée, à l’unité, caractère de la substance même de notre être, nous commettons un Paralogisme. Si nous voulons allribuer une réalité absolue aux choses étendues et successives dont l’ensemble constitue pour nous la nature et en faire des choses en soi, nous tombons dans les contradictions des ^hifi’iiomie.*. Enfin le seul argument par lequel on puisse vraiment démontrer l’existence de l’Être nécessaire et parfait, l’argument Ontologique, est un simple sophisme. Mais de ce que le inonde de l’êlre ne |ieul être connu ni par l’intuition ni par le raisonnement, il ne faut pas conclure que les Idées que la raison se forme des réalités transcendantes, Ame, Monde et Dieu, soient de pures cl simples illusions. L’idée d’un moi indivisible et incorruptible, l’idée d’un substrat des phénomènes étendus, l’idée d’un Ilieu parfait existant par lui-même |teuvcnl avoir, en dehors dcl’cx|)érienec possible, des objets réels. La Critique établit seulement que nous ne pouvons pas nous ligurer. ces objets, ni en prouver scientifiquement l’existence, mais il csl parfaitement légitime d’y croire. Par cela seul que le monde (extérieur et intérieur) n’est qu’une collection de phénomènes, nous pouvons êlre assuré.-, comme Kant l’affirmera à la lin des Fondements, que l’univers sensible, empirique, n’est pas le tout du tout et qu’une réalité mystérieuse se dissimule derrière ces apparences. Il n’y a donc aucune absurdité à croire que nous sommes, par exemple, par le fond, par l’essence de notre personne, des êtres libres et immortels gouvernés par un Etre parfait. Il y a plus : celte croyance n’est raisonnable, elle n’est même pdssiblcquc si l’on admet le caraclère phénoménal du monde que nous connaissons par les sens. Si le monde des phénomènes étendus et successifs était un monde de choses en soi, il ne serait |KIS possible, en face de i : e monde, d’en |ioser un autre aussi réel que le premier, mais en différant d’une manière absolue ; et c’est ulors que l’idée de liberté, identique au fond, nous le verrons, à celle de moralité, l’idée de la vie éternelle, celle de l’être parfait risque-