Page:Kant-Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Lachelier, 1904.djvu/30

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INTRODUCTION


la forme de l’universalité. Il faut donc, avant d’agir, examiner si la maxime, c’est-à-dire la règle subjective d’après laquelle nous nous pro|iosons d’agir, est susceptible de so transformer sans contradiction en loi universelle valable pour toute volonté raisonnable. Ainsi l’homme qui, ayant besoin d’argent el voulant trouver un prêteur, promet de rendre, bien qu’il sache qu’il ne pourra j « as tenir parole, agit d’après la maxime suivante : « Je peux au moyen do fausses promesses me procurer l’argent dont j’ai besoin. 1 Or celte maxime ne |ieul, sans se détruire elle-même, se transformer en loi universelle de la volonté, car elle contiendrait alors une contradiction, puisqu’elle rendrait impossible l’objet même qu’elle poursuit. En ellel, tout le inonde faisant des promesses trompeuses el par suite personne n’y croyant plus, aucune promesse ne pourrait plus être fuite utilement. En résumé, l’impossibilité d’universaliser une maxime, sans la détruire jmr là même, est la preuve certaine que celte maxime exprime quelque "désir subjectif et non la loi absolue de la pure volonté.

b. La seconde formule. — Nous savons que la loi de lavolonté raisonnable ne peut se rapporter à aucun objet sensible ; il faut pourtant qu’une volonté ait un objet, car on ne peut vouloir, à vide. Mais le seul objet que l’on puisse assigner à une volonté affranchie de tout lien avec la nature empirique doil être une chose qui ne soit pas moyen sensible pour atteindre une lin sensible, mais qui soit en elle-même lin absolue. Or il existe une fin absolue susceptible de devenir l’objet de toute volonté raisonnable, celte fin c’est la personne même de l’homme, non la personne empirique, mais la personne raisonnable, celle-là justement qui a la faculté de concevoir des idées et entre autres l’idée de la liberté et celle du devoir. Transportons-nous un instant par la pensée dans le inonde intelligible, monde des purs noumènes, et demandons-nous ce que peut vouloir la volonté d’un être noumcnal : rien d’autre évidemment que le respect de la volonté nouménalc elle-même. Tâchons donc de vouloir la même chose dans le inonde phénoménal el, pour ce faire, considérons comme la fin de toutes nos volitions la personne humaine dans ce qu’elle a de non empirique. C’est ainsi que Kant est amené h donner de l’impératif catégorique une seconde formule qui fournit un objet et comme une matière à cet impératif : Agis de manière à traiter toujours l’humanité, soit dans la