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Page:Kant-Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Lachelier, 1904.djvu/31

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xxi
LA MORALE DE KANT


personne, soit dans la personne d’autrui comme une fin et à ne t’en servir jamais comme d’un moyen. C’est-à-dire respecte comme ayant la valeur d’une On absolue la personne raisonnable aussi bien en toi-même que chez les autres. C’est do cette manière qu’il deviendra jwssible de réaliser ici-bas dans nos sociétés temporelles une sorte d’image du règne des volontés pures, de ce Règne des fins, comme dit Kant, où les volontés se traitent les unes les autres comme fins en soi. Ainsi tous les devoirs que la Conscience nous prescrit à l’égard des personnes se comprendront de la manière la plus simple. En trompant un homme par de fausses promesses, j’oublie que j’ai affaire à un être qui est digne d’un respect absolu, el j’en fais un simple moyen pour atteindre mes fins’sensibles. En me livrant à l’intempérance, je sacrifie aux intérêts de la personne sensible celte personne raisonnable qui fait toute ma valeur, et c’est ainsi que je me traite inoi-mémc comme moyen cl non comme fin.

c. La troisième formule. — Les deux premières formules, qui précisent déjà singulièrement la notion d’impéralif catégorique, conduisent à une troisième qui exprime l’idée de la volonté de tout être raisonnable conçue comme législatrice universelle. Les deux maximes que nous venons d’exposer contiennent deux idées : l’idée de la forme universelle de la loi et l’idée de l’être raisonnable conçu comme fin en soi. Nous avons découvert, sans nous adresser à l’expérience et en considérant seulement la nolion d’impéralif catégorique, d’un côté l’idée de loi universelle et de l’autre l’idée de la personne raisonnable qui conçoit celte loi ou plutôt qui en est elle-même l’auteur, comme nous allons le voir. Si l’on rapproche ces deux idées, on obtient une nouvelle formule qui les comprend toutes les deux et qui est justement celle de : la volonté de tout être raisonnable conçue comme législatrice universelle.

Il suffit pour cela de considérer que la volonté raisonnable ne pciit recevoir sa loi du dehors, car une loi pareille serait un impératif hypothétique, par exemple si la loi émanait de Dieu, l’impératif serait : accomplis telle action si tu veux plaire à Dieu ou simplement te conformer à sa volonté ; mais alors la fin de la conduite morale serait en dehors de la personne et celle-ci ne pourrait plus être qu’un moyen. Il faut