Aller au contenu

Page:Kant-Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Lachelier, 1904.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
xxii
INTRODUCTION


donc que celle législation universelle des volontés raisonnables ail sa source dans ces volontés elles-mêmes. L’être raisonnable est donc soumis à des lois dont il est lui-même, en tant que personne intelligible, l’auteur et ces lois sont universelles |>arccquc des volontés pures, affranchies de lout lien empirique, ne peuvent contenir aucun élément de diversité. Tel est le sens de la troisième formule.

d. L’Autonomie de la volonté.—On comprend maintenant en quel sens le principe suprême de la moralité peut êtro défini par Kant le principe de IVlufoiiomie de la volonté. L’être raisonnable, en lanl que |iersonne pure, est législateur. L’être sensible sera également législateur, c’esl-à-dire autonome, s’il fait régner dans le inonde empirique la loi qu’il |>ose lui-même comme membre du monde intelligible, c’està-dire s’il se soumet à l’impératif catégorique, dont il est l’auteur, sans obéir à aucun mobile sensible. Sa volonté au contraire sera hétéronome si elle se laisse déterminer par un motif quelconque autre que l’impératif.

5° De quelle démonstration l’impératif catégorique est-il susceptible ? — Mais il reste une question : Jusqu’ici nous avons raisonné avec Kant de la manière suivante : S’il y a un impératif catégorique, voici en quoi il consiste ; voici ce qu’il contient nécessairement. Mais pourra-t-on dire : Y at-il véritablement un im|>éralif catégorique ? Cet ordre absolu que la raison pratique croit saisir ne serait-il pas un mot vide de sens, un concept chimérique ? Comment établir que la raison, qui, dans laCritiquc.de la liaison pure, s’est révélée si incertaine el si décevante, ne se trompe pas une fois de plus quand elle croit connaître la loi même du monde nouménal ? Kant pose celle question, mais à vrai dire il n’y répond pas d’une manière définitive dans les Fondements. Pour y répondre, déclare-l-il, il faudrait faire une critique de la Raison pure pratique et cette critique il ne veut pas l’aborder dans l’ouvrage dont nous nous occupons. Celte critique a-l-elle jamais élé faite ? M. Fouillée, dans sa Critique des systèmes de morale contemporains, en doute, peut-être avec quelque raison. Kant à vrai dire n’a jamais démontré rigoureusement que l’impératif catégorique ne fût pas une illusion el sur ce point la Critique de la Raison pratique nous laisse aussi incertains que les Fondements.