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Page:Kant-Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Lachelier, 1904.djvu/35

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LA MORALE DE KANT


cessent ]>our cela d’êlrc lies causalcment les uns aux autres. Comme l’acte par lequel le noumène veut l’cnsemblo de nos actions est intemporel, rien n’empêche qu’il coexiste avec chacune de ces actions prise en particulier, en la doublant pour ainsi dire. En un mot la causalité naturelle exige seulement que chaque phénomène, dans une série, se rattache à un anlécédenl suivant une règle, mais elle n’empêche pas que la série dans sa totalité dépende d’une cause transcendante. Nous pouvons choisir en dehors du inonde des phénomènes notre caractère empirique el toute lu conduite par laquelle il se manifeste, sans porler le moindre préjudice à l’action des causes efficientes. Suivant Kant, une fois que l’on s’est bien |>énétré de la distinction des phénomènes el des noumènes, rien n’est plus facile que de comprendre la conciliation des deux causalités, il faut seulement renoncer à se la représenter, parce que nous n’avons jias d’intuitions transcendanlales. Et ici encore Kant invoque à l’appui de son hypothèse le bon sens, la raison populaire, qui sait très bien qu’un crime accompli par un homme dépend de son caractère, de ses antécédents et de toute une série de causes et d’effets et qui pourtant persiste à déclarer que cel homme est responsable de son crime, parce qu’il aurait pu ne pas le commcllre. Le lion sens populaire devine donc, par une sorte d’inslincl, la dualité de noire personne el là double causalité donldépend notre conduite..

7° Les postulats de la Raison pure pratique : l’immortalité, l’existence de Dieu. — Il nous reslî pour terminer celle étude à chercher de quelle manière l’impératif catégorique peut donner une sorte de valeur objective aux idées de l’Être nécessaire et parfait et de l’immortalité. Nous achèverons ainsi de montrer comment la morale comble les lacunes laissées par la théorie de la connaissance et achève l’édifice du système de Kant. Nous avons déjà expliqué comment et pourquoi l’impératif catégorique suppose la liberté, la Critique de la Raison pratique établit que ht morale exige également l’immortalité de l’âme et l’existence de Dieu. L’immortalité et l’existence de Dieu sont avec la liberté, ce que Kant appelle des postulais de la liaison pure pratique. Qu’est-ce d’abord qu’un postulat ?

Un postulat est, dit Kant dans la Critique de la Raison