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FONDEMENTS DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS.


qu’un principe étranger à la morale, tout en produisant parfois des actions conformes à cette loi, en produirait aussi bien d’autres fois qui lui seraient contraires. Or la loi morale dans toute sa sincérité et toute sa pureté (et c’est ce qui importe avant tout en pratique) ne doil être cherchée nulle part ailleurs que dans une Philosophie pure ; il faut donc commencer par cette philosophie (Métaphysique), car sans elle il ne pourra jamais exister aucune Philosophie morale ; je dirai même que la science qui mélange les principes purs avec les principes empiriques ne mérite même pas le nom de philosophie (car la philosophie se dislingue précisément de la connaissance rationnelle vulgaire par ce trait qu’elle expose dans une science à part ce que cette, connaissance ne conçoit que confusément) ; elle mérite encore bien moins le nom de Philosophie morale, car, par la confusion qu’elle établit, elle porte préjudice à la pureté des mœurs et va contre sa propre destination.

On ne doit pas s’imaginer que ce que nous demandons ici se trouve déjà dans la Propêdeutique que le célèbre Wolff* a placée avant sa Philosophie morale, dans l’ouvrage qu’il a intitulé Philosophie pratique générale, et que nous ne devions pas nous engager sur un terrain vraiment nouveau. Précisément p ? rce que celte Propédculique devait être une Philosophie pratique générale, elle n’a pas considéré une volonté d’une corlaine espèce, par exemple une volonté capable de se déterminer entièrement par des principes a priori, sans aucun mobile empirique, volonté que l’on pourrait nommer volonté pure, elle n’a considéré que la faculté de vouloir en général, avec toutes les actions et condii.

condii. Wollf, philosophe allemand, né en 1679, à Bres.lau, enseigna avec beaucoup de succès une philosophie inspirée de Leibniz, a laquelle Kant lui-même se rat lac lia pendant la première partie de sa

carrière. Sa morale est une morale toute naturaliste dominée p.ir l’idée de perfection. L’ouvrage auquel il est fait ici allusion est la f’hitosophia practica unitersali » (1738).