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Page:Kant-Fondements de la métaphysique des moeurs, trad. Lachelier, 1904.djvu/53

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PREMIÈRE SECTION


être estimée à un prix infiniment plus élevé que toul ce que l’on peut réaliser par elle au profit de quelque inclination, ou même, si l’on veut, de l’ensemble de toutes les inclinations. Quand même, par la défaveur du sort ou par l’avarice d’une nature marâtre, le pouvoir de réaliser ses intentions manquerait totalement à cette volonté, quand même tous ses efforts demeureraient sans résultat, de manière qu’il ne restât plus que la bonne volonté (et j’entends par là non un simple souhait mais l’emploi de tous les moyens en notre pouvoir), elle n’en bril * "ail pas moins de son éclal propre, comme un joyau, car c’est une chose qui possède par elle-même toute sa valeur. L’utililé ou l’inutilité ne peuvent rien ajoulcr ni retrancher à cette valeur. L’utilité ne serait que comme une sorte de monture, permettant de manier plus facilement le joyau, dans l’usage de chaque jour, ou propre à attirer sur lui f attention de ceux qui ne sont pas encore de vrais connaisseurs mais non à le recommander et à déterminer sa valeur aux yeux des amateurs.

Il y a, dans cette idée de la valeur absolue de la seule volonté, sans aucune considération d’utilité. quelque chose de si étrange que, malgré l’approbation que lui donne même la raison vulgaire, on pourrait être amené à soupçonner qu’elle repose sur quelque illusion sublime de l’imagination etque l’intention dans laquelle la nature a institué la raison comme directrice de notre volonté-a été mal comprise. Aussi allonsnous, de ce point de vue, mettre cette idée à l’épreuve.

Quand nous considérons les facultés naturelles d’un être organisé, c’est-à-dire constitué en vue d’une fin qui est de vivre, nous posons en principe que toul organe que l’on pourra rencontrer chez cet être doit être le plus convenable, elle mieux approprié à ses fins’.

1. Pour établir que la bonne I volonté est la volonté qui obéil a la |

fmre raison et_ non celle qui cherche e bonheur, Kant invoque un argu-