Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/130

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gnorance où l’on est de certaines choses, mais sur­tout de ce qu’on veut juger sans savoir tout ce qui est nécessaire à cet effet. Un très-grand nombre d’erreurs, on pourrait dire presque toutes, sont la con­séquence de cette téméraire curiosité. Si vous connaissez avec certitude quelques prédicats d’une chose, faites-en les prémisses de vos raisonnements, et vous ne vous tromperez pas. Mais si vous voulez à toute force avoir une définition, et que vous ne soyez pas sûrs de savoir tout ce qu’il faudrait savoir pour la donner, et que vous la donniez cependant, vous tomberez dans l’er­reur. Il est donc possible de prévenir les erreurs, en s’attachant à des connaissances certaines et claires, sans toutefois prétendre si facilement à la définition. Si de plus vous ne pouvez conclure avec certitude qu’à une partie considérable d’une certaine suite d’idées, ne vous permettez pas de tirer la conclusion tout entière, si faible que puisse en paraître la différence. J’accorde que l’argument par lequel on est dans l’habitude de prouver que l’âme n’est pas corporelle soit bon ; mais gardez-vous d’en conclure que l’âme n’est pas de nature matérielle. Car chacun n’entend pas seulement par là que l’âme ne soit aucune matière, mais encore qu’elle ne peut être une substance matérielle simple, un élément de la matière. Ce point demande une preuve particulière, qui établisse que cette substance pensante n’est pas dans l’espace, comme un élément corporel ;