Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/169

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simplement un manque de plaisir, c'est une cause positive qui détruit soit en partie, soit en entier, le plaisir qui résulte d'une autre cause; ce qui fait que je l'appelle un plaisir négatif. Le manque de plai­sir, aussi bien que le déplaisir, en tant qu'il dérive du manque de raisons, se nomme indifférence (in-differentia). Le manque de plaisir, aussi bien que le déplaisir, en tant qu'il empêche une conséquence par une opposition réelle de principes égaux, se nomme l'équilibre {œquiUbrium). Il y a bien lieu à zéro dans les deux cas ; mais dans le premier il est simplement une négation, et dans le second une privation. La dis­position de l'esprit dans laquelle il reste quelque chose de l'une des deux sensations, le plaisir et la douleur, qui sont d'inégale force, est l'excédant du plaisir ou du déplaisir (suprapondium voluptatis vel tœdii). C'est d'après des notions semblables que M. de M au· pertuis tâcha, dans ses recherches sur la philosophie morale, d'apprécier la somme de la félicité de la vie humaine; mais elle ne peut être estimée autrement qu'en disant que cette question est insoluble pour l'homme, parce qu'on ne peut additionner que des sentiments homogènes, et que le sentiment paraît très-différent suivant la diversité des émotions dans la condition très-confuse de la vie. Le calcul conduisit ce savant à un résultat négatif, auquel je ne puis cepen­dant pas donner mon assentiment.