Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/209

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Tout enseignement de la jeunesse présente cet embarras, qu’on est forcé de faire prendre les devants à l’intelligence sur les années, et, sans attendre la maturité de l’entendement, d’enseigner des connaissances qui ne pourront être comprises, suivant l’ordre naturel, que par une raison plus exercée et plus éprouvée. De là les éternels préjugés des écoles, préjugés plus opiniâtres et souvent de plus mauvais goût que les préjugés vulgaires, et la loquacité précoce de jeunes penseurs, plus aveugle que celle de toute autre présomption, et plus inguérissable que l’ignorance. Cet inconvénient n’est cependant pas tout à fait inévitable, parce qu’à l’époque d’un état social très-civilisé, les vues plus judicieuses font partie des moyens du progrès, et qu’il existe alors des besoins qui, de leur nature, ne doivent être comptés qu’au nombre de ceux qui sont destinés à embellir la vie, et qui en sont comme un ornement superflu. Il est cependant possible de mettre plus d’accord, là