Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/214

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fortuites, en vue des riches superflus dont il n’a qu’à planter en soi les fécondes racines.

Si maintenant on compare avec cette marche celle qui est généralement suivie et qui s’en écarte si fort, on comprendra des différences qui, autrement, paraissent étranges. Pourquoi, par exemple, n’y a-t-il aucune espèce de science professionnelle où il y ait autant de maîtres qu’en philosophie, et où grand nombre de ceux qui ont appris de l’histoire, de la jurisprudence, des mathématiques, etc., conviennent néanmoins qu’ils n’ont pas encore assez appris pour enseigner à leur tour ? pourquoi d’un autre côté en est-il rarement un qui, sans avoir rien approfondi, flatte, qu’à l’exception du reste de ses occupations, rien ne lui serait plus facile, s’il voulait se mêler de pareilles misères, de professer la logique, la morale, etc. ? C’est que dans ces premières sciences il y a une commune mesure, et qu’en philosophie chacun a la sienne propre. On verra facilement aussi qu’il est contraire à la nature de la philosophie d’être un gagne-pain, puisqu’il répugne à sa qualité essentielle de s’accommoder à l’opinion de celui qui en voudrait, ainsi qu’à loi de la mode, et que la nécessité seule, dont l’empire pèse encore sur la philosophie, est capable de la contraindre à subir les formes de l’opinion commune.

Les sciences que je compte exposer dans des leçons