Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/213

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à peu près comme à Polybe pour une circonstance historique, ou à Euclide pour m’expliquer une proposition de la théorie des quantités, on me permettra de dire que c’est abuser de la confiance du public, si, au lieu d’étendre l’entendement de la jeunesse dont il nous confie l’instruction, et de la former pour une connaissance propre plus mûre à l’avenir, nous l’abusons par l’appât d’une philosophie toute faite et facile, qui aurait été trouvée par d’autres pour son plus grand avantage ; il en résulte une illusion scientifique, qui n’a cours, comme une monnaie de bon aloi, qu’en un certain lieu et entre certaines gens, mais qui est rejetée partout ailleurs. La méthode propre de l’enseignement philosophique est la zététique, comme l’appelaient quelques anciens (de ζητεῖν), c’est-à-dire l’investigatrice ; elle ne devient dogmatique, c’est-à-dire décisive, que pour une raison déjà exercée dans différentes parties. Aussi l’auteur philosophique qu’on prend pour base dans l’enseignement, doit être considéré, non comme le type du jugement, mais seulement comme une occasion de juger de ce qu’il dit, et même en sens contraire. De même la méthode de réfléchir et de raisonner par soi-même est ce dont l’élève cherche proprement à se rendre capable ; cette aptitude peut seule lui être utile ; les idées acquises et dogmatiques qui s’y rattachent ne doivent être pour lui que des conséquences