Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/242

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§ 6.

En ce qui regarde les choses intellectuelles pro­prement dites, à Tégard desquelles Y usage de ten-tendement est réel, les notions de cette sorte, tant celles des objets que celles des rapports, sont données par la nature même de l'entendement; elles ne résultent d'aucune abstraction de l'usage des sens, et ne con­tiennent aucune forme de la connaissance sensitive comme telle. Il est nécessaire, au surplus, de remar­quer ici l'ambiguïté du mot abstrait, et, pour qu'elle ne vicie pas noire examen de choses intellectuelles, il importe de la dissiper dès maintenant. Il faudrait dire, si Ton voulait s'exprimer proprement, abstraire de quelque chose, et non abstraire quelque chose. La première locution signifie que, dans unfe certaine notion, il ne faut pas faire attention à tout ce qui peut s'attacher à cette notion; la seconde, que celte notion n'est donnée qu'à l'état concret, et de manière à être parla séparée de ce qui s'y trouve uni. Ainsi une notion intellectuelle abstrait (sépare) de tout élé­ment sensitif, mais ri est pas abstraite d'éléments sensilifs; et l'on s'exprimerait déjà mieux en disant une notion qui abstrait {abstrahens), qu'une notion abstraite (abstractus). Mieux vaut donc appeler idées pures les notions intellectuelles, et abstraites celles qui ne sont données qu'empiriquement.