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DANS LA PENSÉE.

débat entre Mendelssohn et Jacobi, surtout par les raisonnements très-sérieux de l’ingénieux auteur des Résultats[1]. Mon intention n’est cependant pas d’attribuer à l’un ou à l’autre des deux adversaires le dessein d’introduire une façon de penser si funeste ; je veux plutôt regarder l’entreprise du dernier comme un argument ad hominem, dont il a bien le droit de faire usage pour se défendre, en faisant tourner contre son antagoniste les pauvretés de la polémique. D’un autre côté je ferai voir qu’en réalité c’est sur la raison seulement, et non sur un prétendu sens mystérieux de la vérité, sur aucune intuition transcendante qu’on appellerait la foi, que peut être greffée une tradition ou révélation sans consentement de la raison. Ainsi que le soutenait fermement et avec une ardeur légitime Mendelssohn, il n’y a tout simplement que la propre et pure raison humaine par laquelle il soit nécessaire, suivant lui, de s’orienter, et par laquelle il conseille de le faire. Ce qui n’empêche pas assurément de laisser tomber la haute prétention de la faculté spéculative de la raison, surtout son autorité purement impérative (par démonstration), et de ne lui accorder, comme raison spéculative, rien de plus que la mission de purger la notion rationnelle

  1. Lettres de Jacobi sur la doctrine de Spinoza, Breslau, 1784. — Jacobi contre l’accusation de Mendelssohn, concernant les lettres sur Spinoza, Leipz., 1766. — Les résultats de la philosophie de Jacobi et de Mendelssohn ; recherche critique d’un volontaire, ibid.