Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/341

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principe de distinction subjectif[1]. Ce moyen subjectif, le seul qui reste alors, n’est autre que le sentiment du besoin propre à la raison. On peut être rassuré contre toute erreur, si l’on n’essaie pas de juger toutes les fois qu’on n’en sait pas assez pour juger déterminé· ment. L’ignorance est donc en soi la cause des limites, mais non des erreurs dans notre connaissance. Mais partout où il ne dépend pas autant de nous de vouloir ou de ne vouloir pas juger déterminément de quelque chose, partout où existe un besoin réel de juger, un besoin inhérent à la raison même, et où cependant le défaut de savoir par rapport à ce qui est nécessaire pour juger, nous limite, là aussi est nécessairement une maxime d’après laquelle nous devons porter notre jugement ; car la raison veut être satisfaite. Si donc il a déjà été décidé qu’il ne peut y avoir ici aucune intuition d’objet, pas même quelque chose qui y ressemble, et à l’aide de quoi nous puissions opposer aux notions étendues un objet qui soit d’accord avec elles, et par là nous assurer de leur vérité par leur réalité possible ; alors nous n’aurons plus qu’à bien examiner la notion avec laquelle nous voulons nous aventurer au delà de toute expérience possible, afin d’être sûr qu’elle est exempte de toute contradiction,

  1. S’orienter dans la pensée, en général, signifie donc : à défaut des principes objectifs de la raison, se déterminer dans le vraisemblable suivant un principe subjectif de cette même raison.