Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/345

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on ne peut, du moins sans tomber dans de pures absurdités, en donner aucune raison intelligible ; et quoique nous ne puissions pas prouver l’impossibilité d’une telle finalité sans une cause intelligente (car alors nous aurions des raisons objectives suffisantes de cette assertion, et nous ne serions pas dans la nécessité de nous en rapporter à des raisons subjectives), il reste encore, malgré ce défaut de lumière, une raison subjective suffisante de l’admettre, en ce sens que la raison a besoin de supposer quelque chose qui lui soit intelligible pour expliquer par là le phénomène donné, puisque tout ce à quoi du reste elle peut seulement rattacher une notion ne peut la satisfaire.

Mais on peut considérer le besoin de la raison sous deux aspects : premièrement dans son usage théorique, secondement dans son usage pratique. J’ai fait connaître le premier ; mais on voit bien qu’il n’est rien que conditionné, c’est-à-dire que nous sommes dans la nécessité d’admettre l’existence de Dieu quand nous voulons juger des premières causes de tout contingent, principalement dans l’ordre des fins réellement placées dans le monde. Le besoin de la raison dans son usage pratique est beaucoup plus important, parce qu’il est inconditionné, et que nous ne sommes pas alors simplement forcés de supposer l’existence de Dieu quand nous voulons juger, mais