Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/351

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est ce qui doit servir de base à toute autre foi, même à lente révélation.

La notion de Dieu, et même la persuasion de son existence, ne peut se trouver que dans la raison seule, aperçue que par elle seule, et ne peut survenir d’abord en nous ni par une inspiration, ni par un enseignement du dehors, si grande qu’en soit l’autorité. Aurais-je une intuition immédiate d’une espèce telle que la nature, autant que je la connais, ne puisse me la donner, toujours faudrait-il que la notion de Dieu me servit de règle pour m’assurer si ce phénomène s’accorde avec tout ce qu’exige la caractéristique d’une divinité. Quoique je ne voie absolument pas comme il est possible qu’un phénomène quelconque me fasse aussi apercevoir ce qui, d’après sa qualité, ne peut jamais qu’être conçu, sans être jamais perçu, il est néanmoins assez clair que lorsqu’il s’agit seulement de juger si ce qui m’apparait, qui agit intérieurement ou extérieurement sur mon sens est Dieu, je dois le rapporter à une notion rationnelle de Dieu, et m’assurer en conséquence, non pas s’il est adéquat à cette notion, mais simplement s’il ne la contredit pas. Pareillement, quoiqu’il ne se rencontrât rien, dans tout ce par quoi il se manifestait immédiatement à moi, qui répugnât à cette notion, ce phénomène, cette intuition, cette apparition immédiate, quelque nom qu’on veuille donner à une telle manifestation, ne prouverait cependant