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Ce besoin de la raison ne serait qu’une pure hypothèse rationnelle pour un usage théorique dont la raison se contente, c’est-à-dire une opinion suffisante pour une croyance vraisemblable par des raisons subjectives, et cela parce qu’on ne peut jamais en attendre d’autres pour expliquer des effets donnés, et que la raison n’a cependant pas besoin d’un autre motif d’explication. Mais la foi rationnelle, qui repose sur le besoin de l’usage de la raison au point de vue pratique, peut s’appeler un postulat de la raison ; non pas que ce soit une vue qui satisfasse à tout ce qui est logiquement nécessaire pourla certitude, mais parce que cette croyance vraisemblable (dans l’homme) ne le cède[1] pour le degré à aucun savoir, quoiqu’il en diffère pleinement quant à l’espèce.

Un usage pur de la raison est donc le guide ou la boussole qui peut servir au penseur spéculatif à s’orienter dans ses excursions rationnelles au champ des objets sus-sensibles, et à l’homme du commun, mais d’une raison (moralement) saine, à se tracer une voie, théoriquement ou pratiquement, en parfaite harmonie avec la un totale de sa destinée. Et cette foi rationnelle

  1. Il faut pour la fermeté de la foi la conscience de son invariabilité. Je puis donc être parfaitement certain que personne ne pourra ébranler en moi cette croyance : il y a un Dieu ; où prendrait-il la vue contraire ? Il n’en est donc pas de la foi rationnelle comme de la foi historique, où il est toujours possible de trouver des preuves contraires, et où l'on doit même se réserver toujours la faculté de changer d’opinion, si la connaissance des choses devait s’étendre.