Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/355

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seul fournir un remède à tous les maux attachés à cette condition.

Deuxièmement. La liberté de penser se prend aussi dans ce sens, qu’elle a pour opposé la contrainte de la conscience. Cette contrainte a lieu lorsque, indépendamment de tout pouvoir extérieur dans les affaires de religion, des citoyens se posent en tuteurs à l’égard d’autres citoyens, et qu’au lieu d’arguments, par des formules de foi obligatoires, accompagnées de la crainte poignante du danger d’une investigation personnelle, ils savent, grâce à une impression faite à temps dans les esprits, bannir tout examen de la raison.

Troisièmement. On entend aussi par liberté de penser la soumission de la raison aux seules lois qu’elle se donne elle-même. À cette liberté est opposée la maxime d’un usage sans loi de la raison (afin, comme le rêve le génie, de voir plus loin qu’en se donnant des lois pour limites). D’où la conséquence naturelle, que si la raison ne veut pas être soumise à la loi qu’elle se donne elle-même, il faut qu’elle subisse le joug de lois qu’une autre lui donne ; car sans une loi quelconque rien ne peut aller loin, pas même le plus grand non-sens, La conséquence inévitable de cette absence de loi dans le penser (d’un affranchissement des restrictions employées par la raison), c’est qu’une liberté de penser y trouve sa