Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/446

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Nous ne devons pas non plus oublier Pythagore, dont nous savons sans doute trop peu de chose pour pouvoir décider quoi que ce soit de certain sur le principe métaphysique de sa philosophie. Comme les prodiges des figures (de géométrie) l'avaient fait chez Platon, les prodiges des nombres (de l’arithmé­tique), c’est-à-dire une espèce de finalité, et une uti­lité déposée comme par intention dans la propriété de Parithmétîque, pour la solution de plusieurs pro­blèmes rationnels de mathématiques, ou l'intuition à priori (espace et temps), et pas seulement une pensée discursive doit être supposée, éveillèrent l’attention de Pythagore ; il vit une espèce de magie dans la seule possibilité non-seulement d’étendre les notions de quantité en général, mais aussi d’en faire com­prendre les propriétés particulières et pour ainsi dire

    sibles {sous les noms d’espace et de temps) ; qu’ainsi tous les objets des sens ne sont que de simples phénomènes subjectifs, que leurs formes mêmes, que nous pouvons déterminer mathématiquement à priori, ne sont pas les formes des choses en soi, mais celles (subjec­tives) de notre sensibilité, lesquelles par conséquent valent pour tous les objets de l’expérience possible, mais rien de plus ; il n’aurait pas cherché l’intuition pure (dont il avait besoin pour se rendre raison de la connaissance synthétique à priori) dans l’entendement divin, et ses prototypes de tous les êtres, comme objets existant par eux-mêmes, et n’aurait pas ainsi allumé le flambeau du mysticisme. — Car il voyait bien que, s’il voulait affirmer qu’il pouvait percevoir empiriquement dans l’intuition qui est le fondement de la géométrie, l’objet même en soi, le jugement géométrique et toute la mathématique ne serait qu’une science expérimentale ; ce qui répugne â la nécessité, qui (avec l’intuivité) est précisément ce qui lui assure un rang si élevé parmi les sciences.