Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/461

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devrait être cependant s'il devait prouver que ce sen-timentjend en général les hommes meilleurs, lorsque au contraire la théorie scientifique est inféconde et inerte. La pierre de touche demandée ne peut donc être donnée par aucune expérience; elle doit être cherchée dans la seule raison pratique, ou elle est donnée a priori. L'expérience interne, le sentiment (qui est de sa nature empirique et contingent) n'est excité que par la voix delà raison (dictamenrationis), qui parle clairement à chacun, et qui est capable d'une connaissance scientifique, et n'est pas une règle pratique particulière pour la raison, et comme in­troduite par le sentiment ; ce qui est impossible, une pareille règle ne pourrait jamais avoir une valeur universelle. On doit donc pouvoir reconnaître a priori quel principe est capable de rendre les hommes meil­leurs, pourvu toutefois qu'il soit porté clairement et constamment à leur âme, et qu'on fasse attention à l'impression puissante qu'il exerce sur eux.

Or, chaque homme trouve dans sa raison l'idée du devoir, et tremble à sa voix d'airain, lorsque les pas­sions le sollicitent à l'enfreindre. Il est persuadé qu'alors même que toutes les passions seraient con­jurées contre elle, la majesté de la loi que lui prescrit sa propre raison, doit les vaincre toutes, et que sa vo­lonté doit par conséquent pouvoir en venir à bout. Tout ceci peut et doit être présenté à l'homme, sinon