Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/467

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nifier cette loi, et de faire de la raison moralement législative une Isis voilée (tout en ne lui attribuant d'autres qualités que celles qu'on trouve par la pre­mière méthode;, est une manière esthétique de se représenter exactement la même chose; manière dont on peut assurément user, quand, par la première, on a tiré au clair les principes, pour animer cette Idée par une exposition sensible, quoique seulement analogique. Mais il y aura toujours là un certain dan­ger de tomber dans les visions chimériques qui sont la mort de toute philosophie.

La faculté de pressentir cette divinité serait donc une expression qui ne signifierait autre chose qu'être conduit par le sens moral aux "notions de devoir, avant d'avoir pu s'éclaircir les principes dont dépend ce sentiment. Ce pressentiment d'une loi, traité métho­diquement, politiquement, se transforme en une con­naissance claire; ce qui est l'œuvre propre de la phi­losophie, sans laquelle cette expression de la raison serait la voix d'un oracle[1] exposé à toutes sortes d'interprétations.

  1. Ce commerce de mystères est d'une tout autre espèce. Ses adeptes ne font aucune difficulté de convenir qu'ils ont allumé leur flambeau chez Platon , et ce prétendu Platon confesse naïvement, si on lui demande en quoi cette lumière consiste, qu'il ne peut le dire. Tant mieux! car il c&t entendu que lui, comme un autre Prométhée, en a immédiatement tiré l'étincelle du feu du ciel. On peut parler tout à son aise d'un ton élevé quand on est d'une antique et noble race, et qu'on peut dire : « dans ce siècle de sagesse, tout ce qui est dit ou