Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/62

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et qu’elles ne sont pas déterminées par des raisons ! Assurément, dis-tu, je ne me plains pas d’une violence qu’un destin irrésistible exercerait sur moi, mais j’abhorre ce je ne sais quoi, qui me rend complice de ma propre chute dans le mal. ? O honte ! Comment cette inclination que je déteste m’a-t-elle fait tomber juste dans le pire des partis, quand elle pouvait aussi bien me porter au parti contraire !

Caius. — C’en est donc fait de toute liberté.

Titius. — Vois à quelles extrémités je t’ai réduit. Ne t’arrête pas à des semblants d’idées ; car tu te sens libre, mais ne te fais pas de cette liberté une idée peu conforme à la droite raison. Agir librement, c’est agir conformément à son désir, et avec conscience. Il n’y a rien là qui ne se concilie fort bien avec la loi de la raison déterminante.

Caius. — Bien que je n’aie pas grand’chose à te répondre, cependant le sens interne me paraît en désaccord avec ton sentiment. Fais-moi une faible concession : accorde-moi que, si je m’observe attentivement, je remarque que je suis libre d’incliner d’un côté et de l’autre, et qu’ainsi je suis très-persuadé qu’une série de raisons antécédentes n’a pas déterminé la direction de mon action.

Titius. — Je vais te dévoiler la secrète imposture de ton imagination, qui te fait croire à un équilibre de l’influence. La force naturelle du désir enraciné dans