Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/67

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les maux eux-mêmes dans le plan de son œuvre ébauchée, et qu’il les en ait tirés à dessein.

Il a voulu les biens et a reconnu qu’ils ne pouvaient subsister sans leurs raisons d’être, et sa souveraine sagesse ne lui a pas permis de les arracher avec le mal qui s’y trouvait mêlé. Du reste, les hommes ont péché volontairement, et en vertu d’une passion qui tient à l’âme ; l’ordre des raisons antécédentes ne les a ni poussés, ni entraînés, il les a attirés ; et, bien qu’il ait été prévu qu’ils céderaient aux excitations, cependant, comme l’origine des fautes réside dans un principe interne de détermination de soi-même, il est évident que les pécheurs seuls doivent porter la responsabilité de ces fautes. Et, parce qu’en permettant ces maux, la Divinité s’y est en quelque sorte arrêtée, ce n’est pas une raison pour croire qu’elle déteste moins le péché. Car, la compensation que Dieu s’applique activement à obtenir pour les maux permis, employant à cette fin les avertissements, les menaces, les encouragements, les moyens, est proprement la fin qui a déterminé le divin architecte. En retranchant ainsi les causes du mal, en les contenant dans la mesure permise par l’entier respect de la liberté, Dieu fait assez voir qu’il est ennemi du mal moral, tout en montrant son amour pour les perfections qui peuvent provenir du mal même. Mais je