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que la proposition implique. Mais qui ne voit le côté faux de ces arguties ? Pour qu’il y ait identité parfaite entre deux choses, il faut qu’il y ait aussi identité entre tous leurs caractères ou déterminations, tant internes qu’externes. Qui donc alors ne fera pas entrer dans cette universelle détermination la circonstance du lieu ? Donc les choses qui, tout en présentant les mêmes caractères internes, ne diffèrent que par la place qu’elles occupent, ne sont pas un seul et même être. Mais nous devons nous attacher principalement à l’examen de la démonstration donnée et acceptée également à tort, du principe de la raison suffisante.

On ne cesse de répéter qu’il n’y aurait pas de raison pour que Dieu eût assigné des lieux divers à deux choses qui auraient été parfaitement identiques entre elles, à tous autres égards. Quelles sottises ! Et ce qui m’étonne, c’est que des hommes très-sérieux se complaisent dans ces puérilités logiques. Appelez A une substance, et B une autre substance ; faites que A occupe la place de B ; alors A, occupant la place de B, et présentant les mêmes caractères internes que B, sera identique à B, et ce qui s’appelait A s’appellera B. D’un autre côté, la substance B, transportée à la place de A, devra s’appeler A ; car la différence de ces caractères indique seulement la différence des lieux. Montrez-moi maintenant, je vous prie, comment Dieu aurait fait autre chose, si, comme vous le préten-