Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/91

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et l’espace, elles formeront un monde dont nous faisons partie, mais un monde restreint, c’est-à-dire solitaire. Par cette raison, il n’est pas absurde de dire, au sens métaphysique même, que si Dieu l’a voulu, il peut y avoir plusieurs mondes.

3. La seule existence des substances étant donc absolument insuffisante pour établir leur commerce mutuel et les rapports de leurs déterminations, et qu’ainsi le rapport externe prouve une cause commune de toutes choses, dans laquelle leur existence a été conçue relativement, et qu’il n’y a pas de rapport universel concevable sans cette communauté du principe, il résulte manifestement de là le témoignage d’une cause suprême de toutes choses, c’est-à-dire de Dieu, et même d’un seul Dieu, témoignage qui me parait bien supérieur à l’argument tiré de la contingence du monde.

4. Notre principe fait également bonne justice de l’extravagante opinion des manichéens, qui soumettaient l’empire du monde à deux principes également premiers et indépendants l’un de l’autre ; car une substance ne peut avoir quelque commerce avec les choses de l’univers qu’à la condition ou d’en être la cause commune ou d’en procéder avec tout le reste. Si donc vous déclarez que l’un de ces deux principes est la cause de toutes les substances, l’autre ne pourra exercer sur elle absolument aucune action ;