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DEVOIRS ENVERS LES AUTRES.


de communiquer aux autres ses pensées. Le mensonge fait de l’homme un objet de mépris général, et il lui enlève à ses propres yeux l’estime et la confiance que chacun devrait avoir à l’égard de soi-même.

b. — Les devoirs envers autrui. On doit inculquer de très-bonne heure à l’enfant le respect des droits de l’homme, et veiller à ce qu’il le mette en pratique. Si, par exemple, un enfant rencontre un autre enfant pauvre et qu’il le repousse fièrement de son chemin, ou qu’il lui donne un coup, on ne doit pas lui dire : « Ne fais pas cela, cela fait mal à cet enfant ; sois donc compatissant, c’est un pauvre enfant, etc. ; » mais il faut le traiter à son tour avec la même fierté et lui faire vivement sentir combien sa conduite est contraire au droit de l’humanité. Pour ce qui est de la générosité, les enfants n’en ont pas du tout. C’est ce dont on peut se convaincre, par exemple, lorsque des parents commandent à leur enfant de donner à un autre la moitié de sa tartine, sans lui en promettre une autre : ou il n’obéit pas, ou, s’il le fait par hasard, ce n’est qu’à contre-cœur. On ne saurait guère d’ailleurs parler aux enfants de générosité, puisqu’ils n’ont encore rien à eux.

Beaucoup d’auteurs ont tout à fait omis ou ont mal compris, comme Crugott, la section de la morale qui contient la doctrine des devoirs envers soi-même. Le devoir envers soi-même consiste, comme il a été dit, à conserver la dignité de l’humanité dans sa propre personne. L’homme se censure, en fixant ses regards sur l’idée de l’humanité. Il trouve dans cette idée un original auquel il se compare. Lorsque le nombre des années augmente et que le goût du sexe commence à se développer, c’est alors le moment critique,