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KANT. — PÉDAGOGIE.


pas là, on n’aurait point de comparaison à craindre entre eux et soi, et l’on serait le meilleur. L’esprit d’émulation mal appliqué ne produit que l’envie. Le cas où l’émulation pourrait servir à quelque chose serait celui où l’on voudrait persuader à quelqu’un qu’une chose est praticable, comme, par exemple, quand j’exige d’un enfant une certaine tâche et que je lui montre que les autres ont pu la remplir.

On ne doit en aucune manière permettre à un enfant d’humilier les autres. Il faut chercher à écarter toute fierté qui n’aurait d’autre motif que les avantages de la fortune. Mais il faut chercher en même temps à fonder la franchise. C’est une confiance modeste en soi-même. Elle met l’homme en état de montrer tous ses talents d’une manière convenable. Il faut bien la distinguer de l’insolence, qui consiste dans l’indifférence à l’égard du jugement d’autrui.

Tous les désirs de l’homme sont ou formels (liberté et pouvoir), ou matériels (relatifs à un objet) : ce sont des désirs d’opinion ou de jouissance ; ou bien enfin ils se rapportent à la seule durée de ces deux choses, comme éléments du bonheur.

Les désirs de la première espèce sont le désir des honneurs, celui du pouvoir et celui des richesses. Les désirs de la seconde sont ceux de la jouissance du sexe (ou de la volupté), de celle des choses (ou du bien-être) et de celle de la société (ou de la conversation). Les désirs de la troisième espèce enfin sont l’amour de la vie, de la santé, de l’aisance (le désir d’être exempt de soucis dans l’avenir).

Les vices sont ou de méchanceté, ou de bassesse, ou d’étroitesse d’esprit. À ceux de la première espèce ap-