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LEXIQUE.

Prudence. — « Les règles de l’intérêt ou maximes de la prudence représentent la nécessité pratique d’une certaine action comme moyen pour quelque autre chose qu’on désire….. Dans ces règles, il n’y a pas à se demander si le but que l’on se propose est bon ou mauvais ; il ne s’agit que de ce qu’il faut faire pour l’atteindre. Les préceptes que suit le médecin qui veut guérir radicalement son malade et ceux que suit l’empoisonneur qui veut tuer un homme à coup sûr ont pour tous deux une égale valeur en ce sens qu’ils leur servent également à atteindre leur but. Dans la jeunesse, comme on ne sait jamais quel but on aura à poursuivre dans le cours de la vie, les parents cherchent à faire apprendre beaucoup de choses à leurs enfants ; ils veulent leur donner de l’habileté pour toutes sortes de fins ; et ce soin même est si grand chez eux, qu’ils négligent d’ordinaire de former et de rectifier le jugement de leurs enfants sur la valeur même des choses qu’ils pourront avoir à se proposer pour fins. En général, la formule par laquelle on peut se représenter ces sortes de préceptes subordonnés ainsi à une certaine condition, c’est-à-dire à l’hypothèse d’un certain objet désiré, c’est un proverbe populaire : « Qui veut la fin veut les moyens. » (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs.)

Dans le Traité de Pédagogie (De l’éducation pratique), le mot prudence a un sens plus restreint et plus précis. Il désigne l’art d’appliquer notre habileté à l’homme, c’est-à-dire de nous servir des hommes pour nos propres fins.


Raison. — « La raison est la faculté d’apercevoir la liaison du général avec le particulier. » (Traité de Pédagogie.) On sait que Kant distingue la raison spéculative et la raison pratique. La raison spéculative est la raison dans son rapport avec la faculté de connaitre. La raison pratique est la raison dans son rapport avec la volonté.