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LES POSTULATS DE L’ÉDUCATION.


partout présente, quelque chose de divin sur toutes les créatures. Dieu sera en même temps pour l’enfant ce qu’il est pour l’homme, la personnification du devoir, dont la notion, au moins obscure, ne se fait pas attendre dans une âme bien dressée, et nous croirons à l’un en croyant à l’autre, confondant, pour les fortifier l’une par l’autre, notre moralité et notre foi. La religion n’est en effet autre chose que « la morale unie à la connaissance de Dieu ». La prière, les cantiques, la fréquentation des temples sont des moyens pour réconforter l’âme, et non pour arracher à Dieu des faveurs indignes de lui, comme de nous. La seule façon de lui plaire est de devenir meilleurs. — Enfin, il faut le représenter aux enfants comme un père, enfermant dans sa sollicitude tous les hommes, qui se trouvent ainsi former en lui une même famille. Un disciple de Kant, Fichte, dira dans un autre sens : « Le même rapport qui unit l’homme tout formé à la loi morale et à son auteur Dieu, le même rapport unit l’enfant aux parents[1]. » Ainsi l’idée de père prête à celle de Dieu sa vivante précision, et l’idée de Dieu communique à celle de père sa sainteté et son autorité. Ajoutons qu’il ne faut pas prodiguer, c’est-à-dire profaner le nom de Dieu dans l’éducation. Mais il faut l’entendre et le prononcer avec ce recueillement dont Newton nous a donné l’exemple. Kant a peur qu’une idée, trop souvent évoquée, ne devienne familière, et que la familiarité ne nuise au respect.


VI.


LES POSTULATS DE L’ÉDUCATION.


Nous aurions achevé notre étude, s’il ne nous restait à faire ressortir l’importance du rôle que, malgré certaines

  1. Fichte, Système de la morale, IIIe partie, ch. iii, § 29.