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PRÉFACE.


ambition en s’approchant de l’enfant, et en songeant aux moyens de l’élever ? Il semble qu’alors nous empruntions à l’enfant sa confiance dans la vie, et sa confiance en nous-mêmes. Si cela est, nous recevons de lui plus que nous ne lui donnons. L’enfant est l’ennemi toujours renaissant du pessimisme, — et le pessimisme le sait bien. Il guérit les sceptiques et les blasés, non seulement par la toute-puissance de son sourire, mais par les devoirs qu’il leur impose. Pour l’élever, nous croyons à bien des choses, et à l’éducation elle-même. Car on n’élève pas avec des doutes, en laissant faire et la nature et l’enfant, et en se complaisant dans sa propre indifférence. La réalité, une réalité chère, nous sollicite, et nous agissons, et nous commandons, ce qui est une autre façon d’agir. La pratique, ici encore, fait s’évanouir les nuages et les inquiétudes que la spéculation avait amassés. L’éducation, elle aussi, a ses postulats.


R. T.