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KANT. — PÉDAGOGIE.


mais il ne faut pas pour cela la laisser entièrement inoccupée.

Les cartes géographiques ont quelque chose qui séduit tous les enfants, même les plus petits. Lorsqu’ils sont fatigués de toute autre étude, ils apprennent encore quelque chose au moyen des cartes. Et cela est pour les enfants une excellente distraction, où leur imagination, sans s’égarer, trouve à s’arrêter sur certaines figures. On pourrait réellement les faire commencer par la géographie. On y joindrait en même temps des figures d’animaux, de plantes, ete., destinées à vivifier la géographie. L’histoire ne viendrait que plus tard.

Pour ce qui concerne l’attention, il faut remarquer qu’elle a besoin d’être fortifiée en général. Attacher fortement nos pensées à un objet est moins un talent qu’une faiblesse de notre sens intérieur, qui se montre dans ce cas inflexible et ne se laisse pas appliquer où l’on veut. La distraction est l’ennemie de toute éducation. La mémoire suppose l’attention.

Pour ce qui est des facultés supérieures de l’esprit, nous rencontrons ici la culture de l’entendement, du jugement et de la raison. On peut commencer par former en quelque sorte passivement l’entendement, en lui demandant des exemples qui s’appliquent à la règle, ou au contraire la règle qui s’applique aux exemples particuliers. Le jugement indique l’usage que l’on doit faire de l’entendement. Il est nécessaire de comprendre ce que l’on apprend ou ce que l’on dit, et de ne rien répéter sans le comprendre. Combien lisent et écoutent certaines choses qu’ils admettent sans les comprendre ! C’est ici qu’il faut se rappeler la différence des images et des choses mêmes.