tera elle-même les pertes que d’autres ont essuyées à son service, et qu’elle est priée de réparer, quoique, suivant le droit strict, elle pût rejeter cette demande, sous prétexte qu’ils s’y sont exposés à leurs risques et périls.
Cette sentence (dictum) : « l’extrême droit est l’extrême injustice (summum jus, summa injuria) » est donc celle de l’équité ; mais c’est là un mal auquel on ne peut trouver de remède dans la voie même du droit[1], quoiqu’il s’agisse d’une chose fondée en droit[2] ; car l’équité ne ressort que du tribunal de la conscience[3](forum poli), tandis que toute question de droit proprement dit[4] est de la compétence du tribunal civil[5] (forum soli s. civile).
Ce prétendu droit serait la faculté que j’aurais, dans le cas où ma propre existence serait en danger, d’ôter la vie à quelqu’un qui ne m’aurait fait aucun tort. Il est évident qu’il doit y avoir ici une contradiction du droit avec lui-même ; — car il ne s’agit pas d’un injuste agresseur qui en veut à ma vie et que je préviens en lui ôtant la sienne (jus inculpatæ tutelæ), auquel cas la modération (moderamen) n’est nullement un devoir de droit, mais une chose de vertu ; il s’agit d’une violence licite à l’égard de quelqu’un qui ne m’en a fait aucune.